jueves, 1 de noviembre de 2012

La Destruction (1857)


Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon;
II nage autour de moi comme un air impalpable;
Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l'emplit d'un désir éternel et coupable.

Parfois il prend, sachant mon grand amour de l'Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.

II me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l'Ennui, profondes et désertes,

Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l'appareil sanglant de la Destruction!

Charles Baudelaire (1821-1867)


La destrucción

Incesante a mi lado se agita el Demonio;
Flota a mi alrededor cual aire impalpable;
Respiro y siento que quema mis pulmones
Y los llena de un deseo eterno y culpable.

A veces toma, conocedor de mi gran amor al Arte,
La forma de las más seductoras mujeres,
Y bajo especiosos pretextos de tedio,
Acostumbra mis labios a infames placeres.

Así me conduce, lejos de la mirada de Dios,
Jadeante y destruido por la fatiga, al medio
De las llanuras del Hastío, profundas y desiertas,

Y lanza a mis ojos llenos de confusión
Ropa sucia, heridas abiertas,
¡Y la maquinaria sangrienta de la Destrucción!

Traducción: Marcelo Damiani

No hay comentarios.:

Publicar un comentario